Coup d'œil sur les rouages internes de la lampe
TRIODES, PENTODES ET IRLANDAIS :
Avec mes excuses aux amis et connaissances de l'île d'Emeraude, qui feront bientôt leur apparition, ce trait d'humour est dédié
à la mémoire de Spec McAuliff et de Fa (Refael) McNally, deux des Vrais Grands.
Comme leur pré xe numérique le suggère, les termes diode, triode et pentode indiquent le nombre d'éléments dans la lampe
sous vide, c'est-à-dire deux, trois ou cinq. Toutes les lampes nécessitent également un lament ou élément thermo-ionique non
inclus dans le décompte. Son but est d'exciter les électrons du revêtement de la cathode en élevant la température de façon à
pouvoir les faire sortir de la couche riche en électrons et former un nuage d'électrons libres dans le vide entourant la cathode.
Bien que les termes de lament et d'élément thermo-ionique soient souvent utilisés de façon interchangeable, il y a des diffé-
rences spéci ques. Un lament est une cathode directement chauffée dans laquelle la couche est appliquée directement sur
l'élément chauffant. La double diode de redressement 5U4 et la triode 300B sont des exemples de ces lampes d'ampli cateur.
Un élément thermo-ionique, à l'opposé, est un élément chauffant séparé de la cathode et habituellement inséré dans le man-
chon tubulaire de la cathode. Les lampes d'amplis 12AX7 à double triode et les pentodes de puissance 6V6 ou EL84 en sont des
exemples. Dans tous les cas, cet aspect fondamental de la construction de chaque lampe est clairement visible, particulière-
ment quand l'élément chauffant est porté à incandescence.
La cathode doit donc être considérée comme le premier élément à compter car c'est la source des électrons. Le mot lui-même
vient du grec qui signi e littéralement "complètement en bas" ce qui implique un sentiment d'origine centrale, comme le centre
de la terre où le son commence. On peut dire qu'un audiophile extatique ressent une catharsis positive, son âme n'étant puri ée
que quand son système l'amène au nirvana audio. Le seul problème lorsque l'on pousse trop loin cette imagerie positive est
que la cathode est malheureusement négative... au moins d'un point de vue électrique. Toutefois, cela se mémorise facilement
puisque virtuellement tous les musiciens et audiophiles ont déjà expérimenté la catharsis négative plus commune lorsqu'ils
émergent de la renaissance émotionnelle en hurlant de rage et de frustration.
Une fois chauffés, les électrons intrinsèquement négatifs sont de petits éléments énergétiques n'ayant quasiment pas de masse.
Par conséquent, ils peuvent être accélérés de façon quasiment instantanée et voyageront au travers du vide à une vitesse
proche de celle de la lumière. Étant des charges négatives, ils tendent à se repousser les uns les autres et par conséquent, dans
le nuage électronique entourant la cathode, cela se bouscule et joue beaucoup des coudes car chacun essaie de se maintenir à
distance des autres. A moins qu'il y ait une attraction forte et universelle issue d'une in uence externe.
Imaginez, si vous le pouvez, un groupe d'irlandais de taille sous-atomique allant et venant dans un état d'esprit négatif, se
repoussant. Tous ont la mine renfrognée et aucun ne veut avoir à faire avec les autres. Ajoutez maintenant une forte attraction,
disons un pub, et vous pouvez aisément imaginer un mouvement rapide et ordonné du groupe dans une seule direction. C'est ce
qui arrive quand un élément à charge positive nommé l'anode ou "plaque" est introduit dans la zone de vide.
La plaque est le grand élément métallique visible car le plus proéminent dans le verre d'une lampe électronique. C'est l'élément
le plus externe de la structure d'une lampe et il entoure tous les autres. La cathode est au centre, irradiant ses électrons vers
l'extérieur. Plus la tension positive appliquée à la plaque est élevée, plus l'attraction augmente pour les électrons entourant la
cathode et, si rien ne se dresse sur le chemin, un ux totalement libre va vers la plaque... un peu comme si vous retiriez les
portes et offriez des boissons gratuites à la foule d'irlandais rébarbatifs qui grouillait à l'extérieur. Comme les électrons lent
sur la plaque, la charge de l'espace est continuellement régénérée par "l'ébullition" de la cathode chaude riche en électrons,
comme vous pourriez imaginer aisément d'autres irlandais prenant avec impatience la place de ceux qui ont pénétré à l'inté-
rieur, jusqu'à ce que tout le village soit déserté.
Maintenant, d'où viennent-ils et comment arrivent-ils ? Et bien, une grande et élégante dame m'a une fois montré comment
réanimer un champagne éventé : elle a fait tomber un grain de raisin dans le verre. Il y a eu une augmentation spectaculaire et
immédiate de l'effervescence avec l'introduction d'une surface cathodique. Des milliers de petites bulles sont soudainement
apparues, et ont continué à s'écouler du raisin. Bien sûr, les bulles étaient constituées du gaz dissous dans la boisson, mais
l'analogie facilite la visualisation des électrons faiblement liés dissous dans la riche couche de la cathode quand ils jaillissent de
sa surface chauffée.
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