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Historique de la technologie infrarouge
découvert, se situait bien après l'extrémité rouge : dans ce qui est aujourd'hui connu
sous le nom de « longueur d'onde infrarouge ».
Lorsque Herschel révéla cette découverte, il fit mention de « spectre thermométrique »
pour parler de cette nouvelle portion du spectre électromagnétique. Il se référait au
rayonnement en lui-même en l'appelant parfois « chaleur noire », ou plus simplement
« rayons invisibles ». Ironiquement, et contrairement à la croyance populaire, ce n'est
pas Herschel qui est à l'origine du terme « infrarouge ». Ce terme n'est apparu dans les
écrits que 75 ans plus tard, et son auteur n'est toujours pas clairement déterminé
aujourd'hui.
Le fait qu'Herschel utilise du verre dans le prisme souleva rapidement des controverses
chez ses contemporains qui mirent en doute la réelle existence de la longueur d'onde in-
frarouge. Divers experts utilisèrent plusieurs types de verre pour tenter de confirmer le
travail d'Herschel et obtenaient d'autres transparences dans l'infrarouge. Grâce à ses
anciennes expériences, Herschel connaissait la transparence limitée du verre par rap-
port au rayonnement thermique fraîchement découvert, et fut bien obligé d'en conclure
que les dispositifs optiques pour l'infrarouge seraient probablement réservés exclusive-
ment aux éléments réfléchissants (par exemple, miroirs plan ou courbe). Fort heureuse-
ment, cela ne s'avéra vrai que jusqu'en 1830. C'est à cette époque que le chercheur
italien découvrit que le chlorure de sodium naturel (NaCl), présent dans un nombre suffi-
sant de cristaux naturels pour pouvoir en faire des lentilles et des prismes, était remar-
quablement transparent à l'infrarouge. Le chlorure de sodium devint de ce fait le
principal matériau utilisé dans l'optique infrarouge durant tout le siècle qui suivit et ne fut
détrôné que dans les années 30 par les cristaux synthétiques dont on maîtrisait de
mieux en mieux la croissance.
Figure 30.3 Macedonio Melloni (1798–1854)
Les thermomètres restèrent l'instrument de détection du rayonnement par excellence
jusqu'en 1829, année lors de laquelle Nobili inventa le thermocouple. Le thermomètre de
Herschel pouvait indiquer des variations de température allant jusqu'à 0,2 °C (0,036 °F),
et les modèles ultérieurs pouvaient indiquer des variations allant jusqu'à 0,05 °C (0,09 °
F). Un palier majeur fut franchi lorsque Melloni brancha plusieurs thermocouples en série
pour former la première pile thermoélectrique. Ce nouvel appareil était au moins 40 fois
plus sensible que les meilleurs thermomètres de l'époque destinés à la détection du
rayonnement calorifique et était en mesure de détecter la chaleur émise par une per-
sonne dans un rayon de trois mètres.
La première image thermique a pu être prise en 1840, suite aux recherches de Sir John
Herschel, fils de l'inventeur de l'infrarouge et lui-même célèbre astronome. Basé sur
l'évaporation différentielle d'une fine pellicule d'huile exposée à une forme de chaleur
concentrée sur celle-ci, l'image thermique est rendue visible par la réflexion de la lumière
à l'endroit où les effets d'interférence de la pellicule d'huile permettent à l'oeil humain de
distinguer une image. Sir John tenta également d'obtenir le premier enregistrement
d'une image thermique sur papier, ce qu'il appela un « thermographe ».
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#T559845; r. AH/34134/35407; fr-FR